Abuja, 19 novembre, 2025 / 10:47 PM
Le Secrétaire du Dicastère du Vatican pour l’Évangélisation, Mgr Fortunatus Nwachukwu, met en garde contre l’égoïsme qui mine les valeurs sociales en Afrique et appelle à un amour centré sur le Christ
Le Secrétaire du Dicastère du Vatican pour l’Évangélisation, Mgr Fortunatus Nwachukwu, a averti qu’une culture croissante de l’égoïsme érode les valeurs sociales en Afrique, affaiblit les liens communautaires et menace le pouvoir transformateur de l’Évangile à travers le continent.
S’exprimant à ACI Afrique en marge de la 8ᵉ Conférence Théologique Internationale organisée par l’Institut de la Vie Consacrée en Afrique (INCLA), Mgr Nwachukwu a déclaré que seule une remise au centre de l’amour du Christ peut guérir les fractures sociales profondes en Afrique et permettre aux sociétés africaines de bénéficier à la fois de la théologie moderne et des technologies émergentes.
« Ce qui détruit notre société, c’est l’égoïsme. Tout le monde veut faire un selfie », a déclaré Mgr Nwachukwu lors de l’entretien du 17 novembre.
Il a souligné que le message du Christ exige un changement radical, passant de l’égocentrisme à un amour sacrificiel visant le bien commun.
« Jésus dit : retournez l’objectif de la caméra. Plus de selfie. Soyez centrés sur le Christ et vers le Christ. Soyez attentifs à l’amour du prochain pour le bien commun », a-t-il expliqué.
Mgr Nwachukwu a affirmé qu’une Afrique fondée sur l’amour du Christ prendrait naturellement soin des plus faibles et chercherait la justice pour tous. Il a utilisé l’analogie de voisins se nourrissant mutuellement avec des cuillères de toute longueur, expliquant qu’une société guidée par le souci mutuel ne manquera jamais de rien.
« Si je pense à nourrir mon voisin et que mon voisin pense à me nourrir, nos cuillères et fourchettes ne seraient jamais trop courtes ni trop longues. Même les plus nécessiteux seraient pris en charge », a-t-il dit.
Mgr Nwachukwu, originaire du Nigeria, a ajouté que transformer la société africaine nécessite de passer du gain personnel à l’humanité partagée enracinée dans le Christ. « C’est cela l’inculturation de l’Évangile dont nous avons besoin : elle transforme les sociétés et elle transforme les vies », a-t-il affirmé.
Interrogé sur la manière dont l’Église africaine peut éviter le déclin observé en Europe et en Amérique, Mgr Nwachukwu a déclaré que la réponse réside dans un retour aux valeurs bibliques et à l’Évangile de l’amour sacrificiel.
Il a averti que le sécularisme réduit la foi au relativisme, affaiblissant l’engagement envers les principes chrétiens. Il a insisté sur le fait que les Écritures ne doivent pas être séparées de la vie réelle.
« La Bible n’éloigne pas les gens de la réalité. La Bible amène les gens dans la réalité », a-t-il souligné.
Selon lui, les sociétés africaines peuvent rester spirituellement vivantes si elles approfondissent l’amour enseigné par le Christ.
« Jésus dit : je vous donne un commandement nouveau, aimez comme je vous ai aimés. Si nous imbibions ce message, notre société serait certainement une société différente. »
Mgr Nwachukwu a expliqué que le modèle d’amour du Christ élève les autres plutôt que de se concentrer sur le bénéfice personnel. « Il ne s’agit plus d’aimer son prochain comme soi-même », a-t-il dit. « C’est centré sur soi. Il s’agit maintenant d’aimer comme le Christ Jésus a aimé, et c’est centré sur le Christ. »
Il a décrit l’obsession africaine pour le tribalisme, les origines ethniques et l’exclusion comme contraire à l’Évangile. « Il ne s’agit pas d’être fils du sol. Nous ne sommes plus fils du sol. Nous sommes fils de Dieu », a-t-il noté.
Citant l’Évangile selon Jean, Mgr Nwachukwu a affirmé que les croyants doivent dépasser la géogénie—identité fondée sur la terre—et embrasser la théogénie, l’identité des enfants de Dieu. « Tous ceux qui l’ont accueilli, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu », a-t-il déclaré.
Mgr Nwachukwu a également abordé la propagation rapide de l’intelligence artificielle, produit de la créativité humaine, en déclarant : « L’artificiel est quelque chose fait avec art. Et autant que nous le savons, Dieu est le plus grand artiste. Donc le monde de l’intelligence artificielle est le monde de Dieu. »
Il a encouragé les théologiens africains, le clergé et les institutions religieuses à introduire Dieu dans les espaces technologiques.
« Nous devons apporter Dieu en tant que grand artiste, pour montrer aux gens que c’est aussi Dieu qui agit, même dans le monde de l’intelligence artificielle », a-t-il affirmé.
Répondant à des questions sur la manière dont la théologie peut répondre aux réalités du XXIᵉ siècle, Mgr Nwachukwu a déclaré que la mission de l’Église reflète le mystère de l’Incarnation.
« Adapter la théologie à la réalité d’aujourd’hui, c’est en fait me demander comment réaliser le souhait divin dans l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ », a-t-il expliqué.
Le leader catholique a précisé que, tout comme le Christ a pris chair pour habiter parmi l’humanité, la théologie doit « s’incarner dans la réalité humaine ».
Il a ajouté que faire entrer la Parole de Dieu dans l’expérience humaine moderne est au cœur de l’inculturation.
(L'histoire continue ci-dessous)
Les Meilleures Nouvelles Catholiques - directement dans votre boîte de réception
Inscrivez-vous à notre lettre d'information gratuite ACI Afrique.
« Comme Dieu s’est incarné dans la forme humaine en Jésus-Christ, de la même manière, nous devons faire en sorte que la théologie s’incarne dans la réalité humaine », a-t-il conclu.
Notre mission est la vérité. Rejoignez-nous !
Votre don mensuel aidera notre équipe à continuer à rapporter la vérité, avec équité, intégrité et fidélité à Jésus-Christ et à son Église.
Faire un don